Les films de Jean-Louis
Repérages #9
Repérages #9
Le 9 novembre 2017, sous un ciel gris plomb, nous nous perdons entre Saint-Viaud et Saint-Père en Retz. Le manoir de La Morinière semble suspendu à nous attendre.
Nous nous arrêtons sur le chemin du retour de nouveau à Paimboeuf, les vestiges d’un jour : nous découvrons la vieille gare désaffectée, un cinéma théâtre des années 60 frappé d’insalubrité et l’église néo-byzantine toujours ouverte. Dans l’espace des rails Douce cherche quelque chose comme une étincelle et/ou l’exactitude d’une seconde, voici dans cet esprit un petit poème d’Esther Tellermann :
« Tu avais laissé
dans l’espace
des rails
où s’allonger
racontais comment
enserrer la mémoire
et la source
je m’en irai vers
l’infime et
l’étincelle
laisserai
les symphonies
l’accord des tourbillons
soudain te capturent
une lèvre
à l’arrière du feu
l’exactitude
d’une seconde. »
« Yet have all roads
A clearing at the end »
Emily Dickinson (Poésies complètes)
(Pourtant au bout de toutes les routes
Il est une éclaircie)
L’idée du film serait, grâce à une fiction qui va d’un certain réalisme des lieux rencontrés à l’onirisme le plus fantasque comme chez Hoffmann par exemple. La progression serait donc sensée immerger progressivement le spectateur dans un monde plausible bien distinct du monde réel sans couper le lien avec celui-ci. En route on évoque Léon Bloy dont c’est le centième anniversaire de la mort ; ce dernier a beaucoup polémiqué en son temps et a créé une œuvre à partir de sa rencontre avec Barbey d’Aurevilly, sa correspondance avec l’abbé Tardif de Moidrey est décisive également. Probablement la rencontre avec cette maison de caractère comme oubliée dans une campagne intemporelle a fait surgir un personnage qui aurait pu être passé par là. Proposition de contraction entre Léon Bloy et l’abbé Tardif : l’abbé Léon, j’ai suggéré idéalement pour ce rôle l’écrivain Pierre Michon.
On sait d’ores et déjà qu’Oriane aime écouter la musique de Marcel, son grand-père. On sait également qu’elle se « réfugie » facilement chez le bouquiniste et se fie à son intuition, une forme d’intelligence ou de sagesse la pousse également à écouter les anciens tout en gardant sa fraîcheur candide, elle s’est inscrite au club théâtre pour lutter contre sa (prétendue) timidité, elle s’entraîne à lever la main vers le ciel comme certains anges de la Renaissance. Elle aime se promener dans la campagne en à vélo ou à pied…