Les films de Jean-Louis
Repérages #5
Repérages #5
Le 15 septembre : le Brivet rive gauche, Jean-Louis propose de placer ses Franjus dans le paysage, et plus précisément sur la rive. Nous continuons la balade en passant rive droite, à l’embouchure de la Loire. Nous sommes au pied des chantiers dans un champ de plumeaux, appelés aussi herbes de la Pampa. Le rideau blond et mouvant des roseaux, le son du vent, la mémoire des heures ensoleillées, puis, Mishka, un ours dans le chemin de la Pampa. Quelle relation entre la musique (russe), son origine locale et sa destination d’adoption (Saint-Nazaire). Quelles représentations du territoire par le son ? Marco et Marcel s’y attellent.
Un territoire se définit comme un espace plus ou moins tangible recouvrant à la fois des réalités naturelles (végétation spontanée), culturelles (territoire linguistique, identitaire), ou juridique (territoire national, agglomération) extrêmement diverses, qui se croisent, s’attirent ou s’excluent, et semblent à ce titre entrer fortement en résonance avec l’idée « d’intermédialité ». Le territoire, espace à conquérir, est par essence mouvant. Ce concept polymorphe « d’intermédialité » doit nous fournir les outils pour saisir le fonctionnement et l’impact des nouveaux médias, en perpétuelle évolution au gré des progrès technologiques. (Ici le numérique, le digital). Ce concept concerne aussi bien la contemplation esthétique, poétique, l’inflexion éternelle des moments, l’infini des mathématiques. Il n’y a que des corps et des langages. Autrement dit, l’état des chosesce sont des corps plus ou moins affectés par des langages, dont les sons. Les sons dans un lieu qui fait « monde ». Quelle vérité scintille entre cinéma et littérature ? Cette voix frottée d’images en tranches qui s’allument.
Dés la première promenade à Gron une évocation de Don Quichotte est apparue de façon spontanée ; par association d’idée aujourd’hui je repense à Miguel de Cervantes qui admirait le roman « Tirant le Blanc » écrit par Joanot Martorell dans les années 1460 qui met en scène un chevalier fictif, Tirant le Blanc que l’empereur de Constantinople (Byzance) charge de libérer la Grèce des Turcs, et qui accomplit toutes sortes d’exploits à son service. Tirant le Blanc, ou l’ange qui a succédé à son passage sur terre connaît sa mission : apporter une palme du paradis et la déposer sur le suaire blanc prévu à cet effet. Un jeune homme sort des roseaux portant avec cérémonie une grande palme qu’il déposera sur un drap blanc. Toute une architecture engloutie se rêve sous la roselière faite de correspondances toujours renouvelées. Ensuite ce jeune homme va danser, heureux, dans l’or de l’église byzantine, de Paimboeuf sur une musique composée par Marco et interprétée à l’orgue par Marcel.
Et à propos de l’ours Mishka, pour poursuivre les associations d’idées côté russe de notre histoire en cours d’élaboration voici apparaître Nikolaï Leskov. Sous l’influence de Tolstoï, Nikolaï Leskov écrit toute une série de récits dont un qui me plait bien ici, « Le Jongleur Pamphalon », (en russe Skomorokh Pamfalon). De plus j’apprends que cet auteur est particulièrement apprécié par Andreï Tarkovski. Donc si nous trouvons un jongleur il sera le bienvenu et on pourra le désigner en tant que Skomorokh, un tout jeune Skomorokh (pour Douce ?)
« Quant’è bella giovinezza
che si fugge tuttavia !
Chi vuol esser lieto, sia :
Di doman nonc’è certezza
(Comme est belle la jeunesse
qui s’envole si vite !
Soyez heureux, n’attendez pas :
Demain n’est jamais sûr)
Laurent le Magnifique