Régis et Carole

Résidence en milieu scolaire

Chemin du Relais / Studio Lumières (sept. 2015-fév. 2016)

Collaboration avec le Lycée Aristide Briand, Saint-Nazaire, Jean-Claude Chupin, enseignant en arts plastiques et le Pôle de Création Partagé de Saint-Nazaire.

Mardi passé, nous sommes allés rencontrer la nouvelle responsable de l’entretien du lycée. Elle s’entretenait dans son bureau avec des femmes, chacune son tour. Elle prenait ses fonctions, et devait rencontrer les personnes avec qui elle allait travailler sans doute. Nous avons attendu assez longtemps pour pouvoir lui parler. Il faisait froid encore, nous étions à l’ombre.

Au bout d’un moment, nous nous sommes déplacés au soleil, c’était plus agréable. Le temps passait, et elle était toujours occupée. Nous sommes donc parti un instant, pour aller chercher les clefs de la salle. À l’accueil il y a une pièce aux clefs. Une dame aux cheveux roux, sort d’une armoire métallique une clef. Celle-ci est assez petite, et est accrochée par une chaîne à une énorme pièce en métal ronde, le tout faisant penser aux bracelets de métal que l’on mettait aux pieds des forçats.

Après nous sommes retourné voir la responsable de l’entretien. Une nouvelle dame était dans son bureau, nous avons donc attendu, à nouveau. Nous sommes polis. Au bout d’un moment, elle nous a regardés. Nous avons attendu.

Enfin nous pouvons rentrer, son bureau est assez petit, mais est très bien chauffé. Elle nous propose un siège. Nous déclinons sa proposition. Mr Chupin explique pourquoi nous sommes là. Je prends le relais en précisant le projet. Elle ne semble pas étonnée, prend mon contact, mon numéro de téléphone. Je lui reprécise que si je fais un film avec une dame de l’entretien, elle ne sera pas identifiable. Ce qui m’intéresse, c’est de travailler avec elle, entre professionnels...je filme, elle nettoie la salle. Nous discuterons, nous échangerons, je prendrais peut-être sa voix, sa parole au micro.

Aujourd’hui jeudi, il y a toujours du soleil. C’est le cross annuel du lycée, des barrières sont installées dans la cour, des lycéens grimés et déguisés courent, ou se font escorter par d’autres qui les encouragent.

Retirer le polystyrène sur les murs me prend du temps. Chaque colonne est recouverte de plusieurs anneaux de cette matière. Elles sont fixées par des anneaux de scotch assez résistants. Je découvre petit à petit la matière de ces colonnes, du béton vernis. La lumière de l’extérieur se réfléchit dessus, de manière diffuse. Je passe plusieurs heures dessus. J’enregistre les images. Au matin, la réflexion des vitres du bâtiment d’en face dessine des rectangles de lumière sur le grand mur blanc.

Maintenant il y a de la musique dehors, ou dans le bâtiment à côté. Des groupes des musiques égayent le béton et ambiancent le cross.

Je suis venu avec un ensemble d’ustensiles de ménage : balai-brosse, seaux, mops, sacs-poubelles et raclettes. Les piliers sont maintenant nus, je peux remplir mon seau d’eau. Je vais dans les toilettes des filles, un peu gêné. J’en croise quelques-unes, maquillées pour faire la fête, elles ne prêtent pas attention à mon remplissage. Je verse quelques seaux d’eau sur le sol noir de la salle. Un miroir liquide envahit peu à peu l’espace. Des lumières de dessin surgissent sur les murs, organiques et monstrueux. Je n’ai plus de batterie le film se coupe.

Mercredi matin, 9h45.

J’avais reçu un message de la responsable de l’entretien du lycée : Mme l’intendante ne souhaite pas que vous filmiez une personne de l’entretien, elle ne souhaite pas non plus que vous laviez à grande eau, la salle...Ile de France.