Le film sans fin
L’homme rouge
« L’homme rouge »
« Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut ».
(Apollinaire, « Zone », Alcools, 1913)
Performance : ROMARIC SOBAC
Musique : ARTURO GERVASONI / La Transfiguration du banal avant le signe
Marie-Sylvie Rabreau : Flûte / Stéphane Oster : Violoncelle / Sophie Arsenian : Piano / Bruno Lebreton : Percussions
Le film sans fin : OLLIVIER MOREELS et JEAN-LOUIS VINCENDEAU
L’homme rouge en supporter du Bayern de Munich est là, il capte et organise quelques objets cabossés tout en laissant vagabonder ses pensées.
Prémisses de quelque chose jamais nommée, il réfléchit vite avec son bric et son brac, il envoie courir la logique et l’esthétique dans le caniveau, plus loin, pieds nus.
Ses yeux du dessus serrent les dents ; les prospectus et journaux qu’il dispose, dans l’humeur déchiquetée par et pour un public improbable pas forcément attendu.
Des fétus de brindilles plastifiées comme des museaux effarés, perdus dans leur petit monde ; et le plâtre qui froufroute écaillé, hésitant, ventre creux.
Romaric Sobac développe l’art d’accrocher, d’agréger d’improbables objets selon des forces à trouver dehors et dedans le désir du moment.
Il frappe les mots du fond qui ne viennent pas et construit de petits échafaudages au bord du vide ; debout couché en éveil d’équilibre, ironie, dévastation, fines tours de Pise pas toujours inclinées.
Ses mains plongent dans des rêves bossus ; violence, tendresse, sur le béton un doute trébuchant peut, par son geste s’installer.
Ici, dans le hangar « Transports de la Brière », un slogan implicite non encore tagué, « Walls could talk ». Située à Penhoët, juste derrière le bassin, cette suite d’entrepôts servait de garage aux cars destinés aux ouvriers des Chantiers de l’Atlantique. Ce lieu abandonné depuis des années est prévu pour abriter bientôt les vieux gréements.