Le film sans fin

Repérages #2

Repérages #2


Le 1er » juillet 2017, de Corsept à Paimboeuf

Nous nous promenons Ollivier et moi avec un plan de territoire à l’intérieur duquel la dérive reste possible et l’improvisation est de mise ; une confiance réciproque nous anime, lui pour que j’écrive un compte rendu « romancé » de nos promenades et moi pour le choix de ses prises de vue . Attablés dans un petit restaurant où nous sommes les seuls clients, nous remarquons la terrasse étrange de l’immeuble d’en face ; renseignements pris auprès du serveur il s’agissait d’un restaurant chinois avec une grande terrasse donnant sur le port et l’estuaire. Ce restaurant a été transformé depuis en appartements. Du point de vue cinématographique ce décor aurait pu être à lui tout seul inspirant, un endroit pour une rencontre insolite, un drame ?

Poursuivant notre promenade nous découvrons des pêcheries assez éloignées de la berge avec de longs pontons bricolés qui semblent peu solides ; je vois bien une jeune actrice en robe blanche et cheveux au vent (Douce) s’aventurer sur ces passerelles, des mouettes énergiques tournoyant au dessus de sa tête dans le ciel chargé de nuages. Sur la terre ferme on trouve ici une pinède d’aspect libre et de nombreuses pommes de pins distribuées au hasard du sol, un hasard de colombes :

« Sur les branches du laurier
J’ai vu deux colombes nues.
L’une était l’autre
Et les deux n’étaient aucune ».
« Casida des colombes obscures », poème de Federico Garcia Lorca

En rebroussant chemin nous remarquons un potager « sauvage et fantaisiste » non loin du port et j’imagine le passage ici des jumeaux de Venise Torino et Zanetto en association d’idées. Nous restons toujours dans les limites d’un territoire géographique décidé et assumé ce qui rejoint ainsi le concept d’ « Entélechie » : emprunté au bas latin « entelechia » (« essence de l’âme au sens aristotélicien de principe vital »), lui-même issu du grec ancien ἐντελέχεια, « énergie agissante et efficace » ; ou pour traduire littéralement :ἐν - τελ - έχε – ια ἐν « dans », τελ « limite », « termes », έχε « avoir, tenir, garder » et suffixe –ια Entéléchie signifie donc littéralement : « fait de se tenir dans ses limites ». Et dans ces limites là s’offre une infinité de possibles.

Repérages #2