Les films de Jean-Louis

Le mot satin

Le mot satin dans la cabane

Le mot « satin » apparaît bien sur une photo de cette cabane abandonnée dans l’arrière-cour du Musée des oiseaux ; ce n’est pas ce mot qui était visé bien évidemment mais il apparaît discrètement d’abord puis il insiste à chaque nouveau regard.

Le mot satin viendrait de l’arabe zaytûn, transcription du chinois Tsia-toung, nom médiéval de l’actuelle Quanzhou dans la province du Fujian au sud-est de la Chine.

Dans le sous-sol du Musée des milliers de petites étincelles dorées pour l’instant en repos, en attente d’être rallumées le long des murs sombres et humides ; s’agit-il de parler des oiseaux : « Le poème se prend-il pour un manuel d’ornithologie vécue ? » Dialoguer les ailleurs et le proche des oiseaux naturalisés ou évoquer par ce biais la solitude de l’homme séparé du divin et du sacré ? En attendant la lumière reste à capter au cœur de la cave.


Dans le fatras sombre de la cabane abandonnée l’oiseau se trouve bien seul dans une posture définitive où le temps ne peut plus l’atteindre ; la lumière tourne autour de lui et fait vibrer ses plumes en de précises caresses, plus rien d’autre à attendre ni à atteindre qu’un nouveau jour ricochant lentement sur les parois de poussières accumulées.


« La philosophie n’est pas l’art, mais elle a avec l’art de profondes affinités. Qu’est-ce que l’artiste ? C’est un homme qui voit mieux que les autres, car il regarde la réalité nue et sans voiles. Voir avec des yeux de peintre, c’est voir mieux que le commun des mortels. Lorsque nous regardons un objet, d’habitude, nous ne le voyons pas ; parce que ce que nous voyons, ce sont des conventions interposées entre l’objet et nous ; ce que nous voyons, ce sont des signes conventionnels qui nous permettent de reconnaître l’objet et de le distinguer pratiquement d’un autre, pour la commodité de la vie. Mais celui qui mettra le feu à toutes ces conventions, celui qui méprisera l’usage pratique et les commodités de la vie et s’efforcera de voir directement la réalité même, sans rien interposer entre elle et lui, celui-là sera un artiste. Mais ce sera aussi un philosophe, avec cette différence que la philosophie s’adresse moins aux objets extérieurs qu’à la vie intérieure de l’âme ! »

Henri Bergson, « Conférence de Madrid sur l’âme humaine », 2 mai 1916 P.U.F. éditions