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Les brindilles des étangs de Guindreff
Les brindilles des étangs de Guindreff
Ollivier Moreels et Jean-Louis Vincendeau
Le mot Guindreff signifie quelque chose comme « trêve sacrée » en passant par chêne blanc et chêne sacré : trêve sacrée ; un ancien four à pain se trouve au bord de l’étang.
Il y a fort longtemps se dressait ici un bois sacré de chênes où officiaient des druides, puis on repère la baronnie de Marsaint.
Le four de Marsaint, dernier vestige du manoir de Marzin datant de 1275, le four sans doute reconstruit plusieurs fois au même endroit au fil du temps. Marzin vient du breton arzh qui signifie ours.
l’ancien château de Marsaint, aux portes de Saint-Nazaire et dans la paroisse de ce nom, avec sa chapelle dédiée à Saint Yves, sa cour fermée de murs et cernée de douves, ses jardins, prés, colombier et bois de décoration ; en 1679 ce n’était plus qu’un manoir ruiné dont il ne reste aucun vestige aujourd’hui ; l’étang, les vignes et les garennes de Marsaint ; les moulins à vent de Mouédé et de Cran ; les métairies du Grand et du Petit Marsaint et celle de la Villerobert ; un auditoire et un four banal.
Les sires de Marzein portaient losangé d’hermines et de gueules et dans un sceau de 1381 un loup passant. La maison de Marzein se fondit dans la famille de Cleuz. En 1365 nous trouvons en effet, la terre de Marsaint entre les mains de Pierre de Cleuz, mari de Marguerite Le Vayer. Ceux-ci eurent un fils nommé Jean de Cleuz qui rendit aveu au duc de Bretagne en 1392 pour quelques terres qu’il tenait de ce prince en la paroisse de Saint-Nazaire. Par ailleurs, Jérôme de Carné, seigneur dudit lieu de Marsaint, fut vice-amiral de Bretagne et chevalier de l’Ordre du roi.
Promenades végétales, nous nous arrêtons pour contempler les brindilles de la rive sur un lit de feuilles mortes ; chaque brindille s’offre un petit point d’ancrage sur la berge entre vase et galets. On y rencontre des rubans de bergères, la lance du Christ, la colombine ou le gant de Notre Dame…
Ollivier photographie de près ces coquettes ; certaines restent dignes, d’autres font des courbettes et dansent au moindre souffle de vent ; elles se sont installées au fur et à mesure, certaines font bon ménage avec leurs voisines, d’autres sont perturbées par les ronces.
La salicaire, « Lythrum salicaria » se plait visiblement où elle se trouve, le cerfeuil commun « Anthriscus cerefolium » n’est pas difficile.
Hélène « bird girl », est de la promenade et nous parlons des couleurs de l’automne, de choses et d’autres, marchant tout en observant et les plantes et le photographe. Bientôt une maison abandonnée devient pour nous une maison hantée.
L’allaire officinale « Alliaria petiolata », officie consciencieusement et parfois baigne ses pieds. A cette époque de l’année les tiges des brindilles sont sèches et de couleur cendrée, certaines ont encore des fleurs et apprécient le soleil timide qui se reflète dans l’eau.
L’épilobe hirsute « Epilobium hirsutum » est certainement fâchée, elle secoue la tête, elle n’arrive pas à se coiffer comme elle voudrait.
Le grand cresson, « Rorripa amphibia », cool, il boit autant qu’il veut et la renoncule scélérate « Rononculus sceleratus » excelle en commérage et méchanceté.
La consoude « Consolida » se console dans son coin bien à l’abri du vent à côté de la renouée poivre d’eau « Polygonum hydropiper ».
Mélancolique ancolie aux charmes secrets « Aquilegia » est aussi appelée gant de bergère, gant de Notre-Dame, cornette, ou encore colombine.
La lance du Christ « Lycopus europaeus » se dit aussi : chanvre d’eau, pied de loup, patte de loup, marrube aquatique, ortie d’eau, herbe des Égyptiens. (Tiens donc on retrouve des égyptiens !)
La baldingère faux-roseau ou ruban de bergère « Phalaris arundinacea » garde à cette heure un peu de la brume du matin.
Ollivier repère les plantes et brindilles à l’œil nu, il compose ses photos lentement, il devance l’imprévu, il n’évite pas les toiles d’araignées et au contraire les intègre dans sa prise de vue, il joue avec le reflet dans l’eau et les variations de lumière.
Le porteur d’un puissant nid de corneilles est invité à une prochaine promenade sous les arbres et à tourner autour de la maison hantée.
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« Picus et Canente »
Picus, fils de Saturne et Canente, fille de Janus ; il se trouve que cette dernière avait une beauté rare et une voix plus rare encore. (Agathe)
C’est d’ailleurs le charme de ses chants qui la fit appeler « Canente », sa voix, tout comme la lyre d’Orphée, attendrissait les bêtes sauvages ; elle n’avait pas même besoin d’une lyre, grâce à sa voix seule elle faisait déplacer les arbres qui la suivaient dans ses déplacements le long des bois sur les collines.
Lors d’une mésaventure compliquée, le mari de Canente, Picus fut changé en pivert par Circé la magicienne ; Canente en éprouva tant de chagrin qu’à force de pleurer elle s’évapora dans les airs.
Un opéra a été tiré de cette histoire : « Canente » de Pascal Colasse, livret d’Antoine Houdar de la Motte (1672-1731)
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Revenons au bois sacré : le mot latin « nemus comme le grec « nemos » désigne un bosquet et surtout un bois sacré. Ce qui a donné le nemeton des celtes, lieu particulièrement chargé de potentiel et d’énergie sacrée contrôlé et célébré par les druides dont la présence fut bien attestée ici. Les arbres, en priorité des chênes, objets de culte (certains plus que d’autres) sont dégagés pour être offerts à la dévotion des fidèles qui viennent tout exprès dans un but précis : celui de renouer avec les forces mystérieuses de la nature et, au clair de lune, venir combattre leur propre peur. « nemora alta remotis incolitis lucis » Lucain « Phrasale » soit : « vous habitez de profonds sanctuaires dans des bois reculés ».
Nemus et nemos ont pour racine commune « nem » qui exprime l’idée de diviser : Némésis la déesse du partage entre ce qui revient aux dieux et ce qui est laissé aux hommes est donc revisité par le dialogue entre nature humaine et logique végétale. Du verbe grec νέμειν (némeïn), signifiant « répartir équitablement, distribuer ce qui est dû »
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Guindefus et la mare au diable
Jacobus Meyerus, est un poète latin, historien et humaniste flamand, né à Flètre (Vleteren) près de Bailleul (d’où son surnom de Baliolanus qu’il se donnait), le 17 janvier 1491 et décédé à Bruges le 5 janvier 1552. Il fut maître de latin à l’école capitulaire de Courtrait, fit jouer des pièces de Terence, de Plaute et d’Aristophane à ses élèves, certains nobles comme Jean de saint Omer, seigneur de Morbecque et Ferdinand de la Barre, seigneur de Mouscron et aussi, notons le, des élèves pauvres et des choristes ayant perdu leur voix d’enfant.
« Virgini in signo Lunaque fecit iter »
(Et la lune faisait route dans le signe de la Vierge)
« E vultu nubila deme tuo »
(Chasse les nuages de ton visage)
Proposition : l’homme porteur du nid de corneilles sur la tête serait nommé dans l’histoire sur le principe de « Baliolanus » et pour se rapprocher davantage de notre sujet : « Guindrefus » (Stanislas, enseignant d’élèves Pauvres)
« Variorum carmimum sylva una »
(Silve de poèmes variés)
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Dans le restaurant de Marie plusieurs personnes sont attablées et le livre de poche « La mare au diable » est bien en vue :
Quelqu’un demande :
« Il est à qui ce livre » ?
« A moi » dit Douce
« Tu peux nous en parler »
« La mare au diable » de George Sand (1848)
Résumé du livre :
Germain ne peut se consoler de la mort de sa femme qui l’a laissé seul avec trois enfants. Son beau-père l’engage à ne plus pleurer et à se remarier. Germain accepte, pour le bien de ses enfants. Une veuve d’une région voisine cherche à se remarier. Germain part lui rendre visite accompagné par Marie, une jeune fille du pays dont lui a confié la garde. Elle doit se placer dans une ferme proche du lieu où vit la veuve. Un des fils de Germain est aussi du voyage, en passager clandestin. Un orage les presse de quitter leur route pour se réfugier dans une forêt. Ils campent toute la nuit près d’une mare. C’est un lieu enchanté qui les rapproche irrésistiblement les uns des autres. Marie confie qu’elle préfère les hommes plus âgés qu’elle. Au matin, on reprend la route, la magie de la nuit s’étant dissipée. Ayant atteint le but de leur voyage, Germain et Marie doivent tous les deux faire face à de cruelles déconvenues. Germain n’est pas le seul prétendant auprès de la veuve qui joue les coquettes. Il est celui qu’elle préfère, mais il ne veut pas participer à une compétition qu’il juge humiliante. Il part chercher son fils qu’il a confié à Marie. Mais la jeune fille et l’enfant ont fui la ferme où le propriétaire a tenté d’abuser de Marie. Germain les retrouve dans les bois. Chacun rentre chez soi. Il faudra bien du temps à Germain pour s’avouer qu’il est amoureux de Marie et la demander en mariage.
(Ici on peut faire plus court et en style parlé plus direct)
(à noter le prénom de la jeune héroïne : Marie)
Quelqu’un dit : « je connais une mare qui peut faire penser à la mare au diable, elle se situe derrière une maison hantée »…
Et ensuite la recherche de la mare et de la maison commence ; certains connaissent en dehors de la ville une maison hantée appelée aussi « maison du pendu »…
Une version soft avec nos deux bergères à rubans (du nom de la plante) et une plus trash avec Stan, son nid de corneilles et l’amie Croate…