Les films de Jean-Louis

Le chateau de Porcé

Le château des petits fantômes

Dans le journal de Kafka on trouve ces quelques mots,
« Der kleine Ruinenbewohner », soit « Le petit habitant des ruines »

Des enfants escargots sur une musique de Mahler désignent les petits fantômes, habitants de ces ruines. Dans un rayon de lune, commence l’errance des escargots avec l’innocence de pures énergies. Des trouées d’air et de paroles muettes, impalpables.

Selon Rilke, “le chant est existence”, “Un souffle autour de rien. Un vol en dieu. Un vent”.

Par ailleurs, « L’âme ne se donne pas dans un apparaître, elle est un avènement » Aimé Forest

Les escargots blancs ne se montrent pas en plein jour, ils sortent des ruines dans un rayon de lune. Arrive sur les lieux un messager en veste chamarrée, une curieuse croix dans le dos.

Il cherche des indices avec bienveillance. Venu du Nord, ouvert aux grands vents du monde, son itinéraire est passé par le mont-de-piété du Lys Doré ; aussi rien de surprenant à ce qu’on le retrouve ici.

Des lumières, des pensées viennent s’installer dans ce lieu, des âmes peut-être, arrivant de leurs propres initiatives, pas encore de récit, le début d’une broderie encore hésitante.

Certains escargots semblent plus inquiétants, ils se sont échappés d’un jardin sombre, celui du Docteur Mabuse. Et ensuite, attention à l’arrivée du scarabée, ce soudard en armure !

Le pur Messager du Lys Doré vient ici, au château des petits fantômes, pour remettre bon ordre dans cette réplique en réduction de « Game of Thrones ». Sur le perron les escargots réunis semblent l’écouter, on a compris qu’il leur parle de Rémi de Florence et des transcendantaux dans son ouvrage le « De motus rerum », sa préoccupation principale depuis son retour d’Italie où il vécut plusieurs années.

Il doit protéger son œil sensible avec sa main à espaces réguliers, un trait de famille signalé par un Monsieur de Saint-Loup dont l’un des descendants habite dans notre ville.


Il leur parle aussi d’opéra. La date 1679 inscrite sur une planche d’érable rouge d’époque est celle de la création de « Bellerophon », tragédie en musique de Jean-Baptiste Lully en un prologue et cinq actes, sur un livret de Thomas Corneille, d’après la Théogonie d’Hésiode. Tout cela autour d’un rien, d’un souffle de passage.