Ousmane et le bateau film

film collectif

Diffusions :

  • Festival des trois continents au cinéma Jacques Tati de Saint-Nazaire le 24 novembre 2018 à 19h + présentation stage académique à Nantes F3C
  • Festival Zones Portuaires au cinéma Jacques Tati de Saint-Nazaire le 8 juin 2018 à 9h45
  • Au Grand T théâtre de Nantes le 13 juin 2018 à 15h.

Réalisation d’un film collaboratif dans le cadre du festival Zones Portuaires 2018
http://www.zonesportuaires-saintnazaire.com/

Résumé :

C’est l’histoire d’un exil, d’un voyage fantasmé issu de notre imaginaire collectif nourri de l’actualité et du parcours réel de Sékou. Sékou vient de Guinée Conakry, il devient Ousmane l’acteur. Dans ce récit qui est avant tout une aventure collective, réalisateur, acteur, acteurs élèves, enseignants participent à l’élaboration du scénario qui s’écrit au fur et à mesure comme se développe un voyage improvisé. Un fil conducteur, le transport d’un zodiac, dans les trois établissements scolaires, suscite des questions et interpelle les élèves. Autour de ce macguffin chargé de symbole, l’histoire d’Ousmane se développe entre fiction et réalité.

LE BATEAU FILM

Collèges :

Sainte Thérèse de Saint-Nazaire - Classe 5ème Segpa (15 élèves)

Jean Moulin de Saint-Nazaire - Classe de 4ème (26 élèves)

Grand Air de La Baule - - Classe de 4ème (29 élèves)

Cette histoire, ce parcours se décompose en trois étapes clés, une étape par collège. Ce dispositif a permis d’incorporer au scénario, les désirs de travail de chacun. Nous sommes parti d’une discussion avec l’invité, sur le pourquoi de son exode, sur la manière dont cela s’est passé, sur le chemin parcouru depuis et sur ses désirs pour sa nouvelle vie...

Plusieurs fils rouges ont permis de connecter entre eux les 3 établissements :

  • Un objet symbole : Un bateau voyage entre les 3 collèges, il est déposé dans la cour sans information préalable, il suscite questions et interpelle les élèves de l’établissement.


Sujet radio La Tribu : https://www.latriburadio.com/ousmane-et-le-bateau-film/

  • Un fil narratif : L’histoire d’Ousmane, entre fiction et réalité, est phasée en 3 étapes chronologiques : Le souvenir et le voyage / La traversée / L’arrivée

Sékou prend le rôle principal d’Ousmane, un élève de la classe alophone de Jean-Moulin, vient de Guinée Conakry, parle un peu français, le soussou et une autre langue locale, c’est un élève de 3e, mineur isolé, qui a un véritable vécu et assez mûr pour en parler. Il est très à l’aise pour échanger, il parle bien le français.

  • L’appropriation des enseignants (7) et des élèves (75) sur la thématique de l’exile a donné lieu à un ensemble de propositions pédagogiques : Poésies, danses, musiques, prises de sons et montages sonores, films d’animations, écritures, mise en scène, arts plastiques, interviews...
  • Une pièce de musique contemporaine d’Arturo Gervasoni

Cette piece s’appelle "EKZILO" (l’exil), elle a été créé en 2018 pour le Festival de musique de Nantes La folle Journée, jouée à Saint-Nazaire, j’ai filmé le concert et Arturo (compositeur et enseignant au conservatoire de Saint-Nazaire, m’a donné les droits pour exploiter sa musique en toute liberté. Il s’agit d’un trio de harpes, flûte, clarinette et voix + couverture de survie.

Céline Lamanda (flûte), Lucie Berthomier (harpe) et Fabrice Arnaud-Crémon (clarinette)

la musique : http://omoreels.fr/bateau-film/ekzilo-bateaufilm.mp3

  • Un texte, le texte de l’annexe écrit et récité par Stanislas Deveau, artiste plasticien, sculpteur, enseignant en histoire-géographie :

1 Raconter :

C’est bien qu’Ousmane puisse aller « au bout » de son récit, c’est-à-dire boucler l’itinéraire, avec cette question pleine d’énigme : quand cela finit-il au juste ? La fin, c’est maintenant, ou bien le présent d’Ousmane est encore un moment de son exil ? Quand décide-t-on qu’un exil s’arrête ?

S’arrête-t-il ?
Tous les réfugiés doivent raconter leur histoire. Il existerait même des « vendeurs de récits », des récits clés-en-main, pour répondre aux exigences des organismes de demande d’asile.

Il y a des moments où Ousmane fait part de ses doutes, où il se questionne sur le sens de ce qu’il vit, de sa vie. Il arrête de raconter. Ces moments sont souvent liés à des espaces qui ont quelque chose en commun, ce sont des lieux d’isolement, de latence, de stase : la prison, les véhicules, l’hôpital...

Questionner ces lieux et ces moments, s’y « arrêter », permettrait de sortir du récit et peut-être ressembler à ce qu’ils ont été : être arrêté dans son mouvement, être pris en charge, ne plus être confronté au choix…

Le temps de souffler un peu, de réfléchir.

A l’inverse de ces moments d’arrêts, le ballot est ce qui traverse, quelque chose de constant : qu’est-ce qu’on emmène, qu’est-ce qui compte, pour quoi ? Comment il s’adapte, comment le regard sur ce bagage évolue ? Qu’est-ce qu’il y a de trace ou de devenir, de pratique dans ce bagage ?

De son ballot originel, que lui reste-t-il aujourd’hui ?

2. L’âge :

C’est frappant comme Ousmane ne sait pas précisément son âge en Afrique, comme si c’était une question qu’on lui posait ici, mais qui n’a pas le même sens là-bas. Ici, c’est un des premiers « rites de passages » auxquels sont soumis les mineurs isolés : le test osseux, qui dit beaucoup de nos sociétés occidentales imprégnées de raison scientifique, de suspicion... Quelle légitimité a le découpage métrique de nos vies en rapport à notre apprentissage ? Comment comparer 15 ans d’une expérience comme celle d’Ousmane et 15 ans des collégiens qu’il côtoie par exemple ?
En Guinée, ce ne sont sans doute pas 365 jours qui établissent qu’on a franchi un « cap », mais d’autres signes. Ce sont ces signes qu’il serait bon de découvrir, au travers de questions comme : es-tu adulte, enfant ? À quel(s) moment(s) t’es-tu dit : « je suis grand » ?

3. Les langues :

Étymologiquement, exil, c’est « sauter hors de... », exsilire. Ousmane traverse plein de dehors, des « autres » et des « ailleurs ». Par exemple, Ousmane quitte sa langue « maternelle », avec la question de la mère qui est là aussi un puits sans fond. Entre cette langue vernaculaire, le Soussou, et la langue « d’accueil », le Français, qui ne lui est pas tout à fait étrangère, il aura été en contact avec de nombreuses langues « traversées » : l’Arabe, l’Espagnol et la langue universelle et mondialisée qu’il ne pratique pas, l’Anglais. On se demande parfois quelle langue il parlait, sans doute des langues métissées, et aussi langage des corps, puisqu’on en passe toujours par là pour se faire comprendre.