La maison du glassophone

Le film sans fin

La maison du glassophone

« L’air est plein du frisson des choses qui s’enfuient »
Charles Baudelaire « Le crépuscule du matin »

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Depuis le jardin une magnifique vue sur la Loire, le Styx, non loin, drapés aux flancs de brume tranquille. Des barges de métal rouillées gardées par des dragons volants et bercées doucement par les vibrations du « glassophone » et le son rare de l’harmonica basse. Arturo Gervasoni et Fabrice Azzolin s’étonnent mutuellement, échangent, discutent et, ensemble, sculptent les sons.

Toujours l’espace se déploie dans la lumière - maison et jardin - de ses rêves, Fabrice Azzolin développe une grammaire des moindres décalages, relations aux fines frontières des objets et des sons, il fabrique ainsi de fragiles papillons, son œuvre pareille à un piège minutieux. Kaléidoscope démembré, reconstruit, le recul des trouvailles juste avant d’apparaître, de disparaître.

Le glassophone est un instrument de musique, un guichet unique distribué en arc de cercle où sont disposés des verres de différentes tailles au-dessus d’une rigole remplie d’eau pour adoucir les sons.

Une pièce comme un parcours sur l’étendue du sol de son atelier : « le Théâtre des Mémoires », un ensemble des carreaux de faïence irréguliers racontant une histoire et des pensées vagabondes, deux étendues constitutives de l’essence d’un monde où les objets viennent trouver leur place en disposition de figures maîtrisées.

L’artiste multimédia a créé également une installation sonore pour servir de support à un futur danseur : ici la théorie des correspondances analogiques qui s’exprime dans l’imaginaire assure que tout élément du monde visible a pour modèle un élément du monde invisible dont il est le reflet et la copie.

Il interroge le discours et la pratique qui jouent de la frontière entre lieu et non-lieu. Déplacer les objets dans une sphère de la réalité non prévue, à construire donc. Fabrice Azzolin nous propose ici son expérience sensible d’une épure au pas inégal des jours. Il se trouve que le cheminement vers cette épure passe par des moments de grâce.